Elle parle pour eux, gêne ou mène les femmes par le bout du nez...

Et si vous trouvez que cet homme particulier dégage une odeur désagréable lorsqu’il transpire par exemple, ce n’est pas de sa faute à lui mais de la vôtre .

Car si l’odeur qu’il dégage vous fait penser, vous, à celle de l’urée, elle pourrait au contraire évoquer la vanille à votre voisine d’en face, le miel à votre copine, le biscuit à votre soeur ou carrément rien du tout.

L’explication ?

Les gènes codant pour des récepteurs aux odeurs sont légèrement différents d’une personne à l’autre. Une même molécule odoriférante peut, selon la forme du récepteur par lequel elle est captée dans le nez, évoquer des odeurs opposées. C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude publiée dans la revue Nature [1].

C’est en étudiant l’androsténone, une molécule qui se trouve en grande quantité dans la transpiration des hommes et en quantité moindre dans celle des femmes, que Hiroaki Matsunami de l’université Duke de New York est parvenu à ces résultats. Cette substance est issue de la dégradation de la testostérone. « On savait depuis longtemps que les gens n’avaient pas tous la même perception de l’androsténone, mais on ne savait pas pourquoi. »

L’androsténone ?

Avec ses collaborateurs, le chercheur a testé les substances chimiques que l’on trouve habituellement dans la transpiration sur les récepteurs de 400 odeurs connues.
Ce criblage leur a permis de repérer un récepteur répondant au doux nom d’OR7D4 qui réagissait fortement avec l’androsténone. Ils ont alors pu identifier le gène correspondant à ce récepteur.

Les chercheurs ont ensuite prélevé des échantillons de sang de 400 personnes enrôlées dans une étude sur l’odorat pour en extraire l’ADN.
Résultat : le gène OR7D4 existe sous des formes légèrement différentes d’une personne à l’autre. Selon la forme du récepteur correspondant, les personnes perçoivent l’androsténone comme une odeur d’urine, de vanille ou ne perçoivent aucune sensation.

Signal sexuel ?

Alors que chez le cochon, l’androsténone envoi un signal sexuel clair, chez les humains rien n’a été encore prouvé.

« Des études ont montré que cette substance pouvait modifier les attitudes ou les niveaux hormonaux chez les humains, explique Hiroaki Matsunami. Ce que nous ne savons pas, c’est si le récepteur que nous avons découvert est impliqué dans ces réactions ».

Une interrogation à laquelle le chercheur compte très prochainement répondre...

Pour l’instant, vous pouvez toujours froncer le nez quand vous croisez un homme revenant de son jogging matinal !

P.-S.

D’après un article de Véronique Molénat

Notes

[1] Hiroaki Matsunami, Genetic variation in a human odorant receptor alters odour perception, Nature advance online publication 16 September 2007