Encyclopédie Atypique Incomplète
Incomplète, car toujours en construction au gré des jours, avec sérieux, curiosité et humour.
Atypique, car toujours dans l'esprit de la connaissance par l'observation et la pratique.
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mardi 6 octobre 2009
La semaine qui s’ouvre sera celle des très-très-très sérieux Nobel, édition 2009.
Celle qui s’achève aura vu couronner les « anti-Nobel », un rien plus absurdes -mais pas tant que ça-, qui ont par exemple honoré ce tandem de chercheurs britanniques ayant découvert qu’une vache avec un prénom donne plus de lait qu’une vache sans prénom...
C’est à l’Université de Harvard, à Cambridge, sur la côte est des Etats-Unis, que sont décernés chaque année depuis 19 ans, à l’initiative de la revue scientifico-humoristique « Annals of Improbable Research », ces “Oscars” de la recherche fantaisiste qui récompensent des découvertes moins prestigieuses que les vrais Nobel, mais parfois étonnament utilitaires...
Le thème de cette édition était “Le Risque”, dans l’air du temps, et les prix ont été remis jeudi dernier par des vrais Nobel en chair et en os.
On y a salué des Chinois ayant découvert comment les bactéries de crottes de panda peuvent recycler des déchets domestiques (catégorie biologie).
Ou encore, crise économique oblige, des anti-Nobel à l’ironie mordante : celui d’économie, décerné aux responsables de quatre banques islandaises, pour leur contribution à la mise en faillite de leur pays.
Et celui de mathématiques, à Gideon Gono et à la Banque centrale du Zimbabwe, pour avoir imprimé des billets allant de 1 cent à mille milliards de dollars...
Les lauréats des anti-Nobel, qui font très sérieusement leur travail, apprécient parfois modérément de se voir ainsi célébrer.
Comme le Suisse Stephan Bolliger, du département de médecine légale de l’Université de Berne, qui riait un peu jaune d’être couronné pour avoir confirmé avec quatre collègues qu’une bouteille de bière vide est une arme bien plus efficace qu’une bouteille pleine lors d’une bagarre dans un bar...
« Même si tant une bouteille pleine qu’une vide font l’affaire pour briser un crâne humain ! », précise-t-il.
« Pas le summum de ma réussite académique... », a persiflé Stephan Bolliger.
Avant de reconnaître, fair-play, que recevoir un « Ig Nobel » (jeux de mots en anglais sur le terme “ignoble”) était tout de même « un des moments les plus intéressants ou mémorables de ma vie professionnelle ».
Autre anti-Nobel aux allures de gag, mais dans le fond très sérieux, celle du docteur Elena Bodnar (lauréate catégorie santé publique).
Cette native d’Ukraine vivant aujourd’hui à Chicago est la conceptrice d’un fort seyant et soyeux soutien-gorge transformable en double masque à gaz -un pour la porteuse du sous-vêtement, l’autre pour un « passager » ou « accompagnant ».
On rit beaucoup moins quand on apprend que Mme Bodnar a commencé sa carrière médicale en étudiant les effets de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en 1986.
« Si les habitants des environs de la centrale avaient pu avoir à disposition des masques à gaz bon marché dans les heures ayant suivi l’explosion, ils auraient évité de respirer l’iodine-131 qui les a irradiés », dit-elle.
« Ces masques à gaz en prêt-à-porter auraient aussi pu être utiles pour éviter de respirer les particules qui ont envahi New York après l’effondrement du World Trade Center le 11 septembre 2001. », estime-t-elle, « ou encore des violentes tempêtes de sable qui ont bouché le ciel de Sydney, en Australie, il y a quelques jours ».
« Il faut être prêt tout le temps, où que ce soit, et presque toutes les femmes portent un soutien-gorge ! », note le Dr Bodnar.
Et de démontrer, en joignant le geste à la parole, que ce type de bonnet épouse parfaitement la forme du visage...
Quant à Peter Rowlinson et Catherine Douglas, de l’Université de Newcastle, ils ont été récompensés pour avoir en quelque sorte découvert les bienfaits de l’amour... En tout cas, chez les vaches !
En prouvant que « Bessie » et « Buttercup » (la version anglaise de « Marguerite » ou « Blanchette ») donnent plus de lait qu’une pauvre vache lambda que personne n’aura songé à baptiser et aimer.
Moyen de dire que quand un animal reçoit de l’affection des humains, il la rend à sa manière.
Les chercheurs ont donc flatté, pomponné et prénommé un troupeau de ruminantes, et traité d’une manière neutre un groupe-témoin.
Résultat : les vaches entourées de soins donnaient en général un à deux litres de plus que les bovines à l’abandon... CQFD !
A voir en anglais, le site web de Improbable Research.
Et un superbe poster à télécharger, au format PDF, en cliquant ici.
Cette affiche est un excellent moyen d’augmenter la sensibilisation aux Ig Nobel de vos amis, votre famille, vos collègues, vos voisins, et aussi de parfaits étrangers !
Pour honorer leur mémoire, vous pouvez aussi consulter cet article sur les lauréats de l’année dernière.
Elles font sourire, et même parfois rire, ces recherches ou ces inventions...
Elles paraissent souvent ridicules, stupides, un brin décalées, inutiles...
Et pourtant, elles sont souvent l’avènement d’une nouvelle voie de recherche, une nouvelle façon de voir un problème, une percée innovante dans un domaine oublié.
Alors, oui, elles nous font doucement sourire, mais elles nous font réfléchir aussi !