En France, « l’hirsutisme est un motif fréquent de consultation », indique le lundi 15 septembre 2008, l’agence de presse « Destination santé », après avoir interrogé Barbara Neraud, endocrinologue à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne)...

Intéressante nouvelle tombée sur mon téléscripteur personnel... mais, je dois l’avouer, mon vocabulaire ne connaissait pas ce terme !

Alors, après quelques investigations, voici en substance ce que j’ai retenu :

Qu’est-ce que l’hirsutisme ?

C’est un développement excessif de la pilosité (de type masculine) dans des zones et régions normalement glabres chez la femme :

  • le visage,
  • le cou,
  • le thorax,
  • la poitrine,
  • les régions fessières et intergénitocrurales,
  • et encore la ligne blanche, ce trait vertical qui descend du nombril au pubis.

Les poils du corps poussent selon un modèle masculin (poils androgéniques) et c’est surtout un sujet de préoccupation cosmétique et psychologique.

L’hirsutisme est un symptôme plutôt qu’une maladie mais peut être le signe d’une indication médicale plus sérieuse, surtout s’il se développe bien après la puberté.

L’hirsutisme doit être différencié de l’hypertrichose [1] qui ne traduit que l’augmentation de la pilosité normale.

Dans ce dernier cas, c’est ce qu’on appelle la femme à barbe [2].

6% à 10% des femmes seraient concernées

Environ 6% à 10% des femmes en âge de procréer dans le monde seraient concernées par l’hirsutisme selon des études réalisées aux Etats-Unis et en Espagne, mais pour l’instant, aucune donnée épidémiologique ne paraît disponible sur la question en France.

Les causes

La cause principale de l’hirsutisme peut être soit un niveau élevé d’androgènes (les hormones mâles) ou une hypersensibilité aux androgènes des follicules des poils.

Les hormones mâles comme la testostérone stimulent la croissance de poils, accroissent leur longueur et accentuent leur pigmentation.

D’autres symptômes associés à un niveau élevé d’hormones masculines incluent l’acné, des règles irrégulières, une voix plus grave et un accroissement de la masse musculaire.

Il semble bien que des niveaux élevés d’insuline accompagnent chez les femmes le développement de l’hirsutisme.
Cette théorie s’accorde avec l’observation que les femmes obèses (dont on peut présumer qu’elles sont hyperinsulinémiques et résistantes à l’insuline) ont un risque élevé de devenir hirsutes. Par ailleurs, les traitements qui abaissent les niveaux d’insuline amènent une réduction de l’hirsutisme.

On pense que l’insuline, à une concentration suffisamment haute, stimule les cellules thécales ovariennes pour produire des androgènes. Il peut également y avoir un effet des niveaux élevés d’insuline qui activent dans ces mêmes cellules le récepteur du facteur de croissance « I » semblable à l’insuline (IGF-1). Ce qui en conséquence accroît la production d’androgènes.

Une étude suggère que la façon de s’habiller peut aussi influencer l’abondance des poils sans être capable toutefois de provoquer l’hirsutisme.

Voici quelques maladies susceptibles d’accroître chez une femme le niveau d’hormones mâles, normalement bas :

  • Syndrome de Stein-Leventhal [3]
  • Syndrome de Cushing [4]
  • Tumeurs des ovaires ou des glandes surrénales (cancer)
  • Certaines médications
  • Hyperplasie surrénalienne congénitale

Facteurs de risque

Plusieurs mécanismes sont possibles :

  • L’augmentation de la sensibilité des récepteurs du follicule pileux aux androgènes dont la sécrétion est normale.
    L’hirsutisme est alors isolé : c’est l’hirsutisme idiopathique [5]. C’est la cause la plus fréquente.
    Une note ethnique ou familiale est souvent retrouvée.
  • La prise de médicaments stéroïdes anabolisants ou de traitement oestroprogestatif à effets androgéniques marqués.
  • L’hypersécrétion d’androgènes par la surrénale ou les ovaires, ce qui entraîne la stimulation excessive des récepteurs pilaires :

    - Par les ovaires :

    * Dystrophie ovarienne polykystique : hyperandrogénie modérée, troubles des règles, stérilité. Les ovaires sont augmentés de volume. L’échographie des ovaires est un examen de base. La testostérone et la delta-4 androstènedione sont augmentées. Les gonadotrophines hypophysaires (FSH-LH) sont élevées.
    * Tumeur (bénigne ou maligne) de l’ovaire : virilisme important, aménorrhée. La testostérone et la delta-4 androstènedione sont augmentées.

    - Par les surrénales :

    * hyperplasie des surrénales (maladie de Cushing) ;
    * tumeur virilisante surrénalienne ;
  • Trouble héréditaire de l’hormonogénèse...

D’autres signes d’hyperandrogénie sont souvent associés : raucité de la voix, acné, développement musculaire, hypertrophie du clitoris, troubles des règles...

Traitement

Le traitement étiologique varie selon la cause :

  • Chirurgie en cas de tumeurs de l’ovaire ou de la surrénale,
  • Traitement freinateur dans l’hyperplasie surrénale,
  • Traitement oestroprogestatif dans l’hypertrichose ou la dystrophie ovarienne.

Le traitement fait appel aux antiandrogènes (acétate de cyprotérone ou Androcur) et sur le plan cosmétique à l’épilation à la cire ou électrique, au brûlage des racines des poils (laser), à la décoloration, etc.

Bibliographie

La peau. La dermatologie au service de la beauté.”, Marie-Pierre Hill-Sylvestre. Collection « Vivre et Comprendre ». Editions Ellipses, Paris.

Petite note

On désigne par hirsutisme tout excès de pilosité chez la femme.
En fait, l’hirsutisme ne représente, au sens strict, que l’un des trois degrés de l’hyperpilosité féminine !

On distingue en effet, par importance croissante :

  • L’hypertrichose simple : exagération de la pousse pileuse dans les régions normalement pileuses chez la femme ;
  • L’hirsutisme proprement dit : apparition d’une pilosité dans des zones normalement glabres chez la femme, faite de poils dits « testoïdes », car épais et drus ; lorsque cette pilosité devient importante au point d’évoquer la pilosité masculine, on parle de virilisme pilaire ;
  • Le virilisme enfin, qui associe au virilisme pilaire d’autres signes de masculinisation de l’organisme féminin.

En conclusion

Lorsque la sécrétion des androgènes, des hormones mâles est importante, les régions cutanées impliquées dans l’hirsutisme voient apparaître une pilosité.

C’est au médecin de déterminer quelle est l’origine de cette hypersécrétion d’androgènes : troubles des ovaires ou des glandes surrénales, prise médicamenteuse...
Et de décider des suites à donner.

Dans tous les cas, ce sera surtout un sujet de préoccupation cosmétique et psychologique.

Bref, un conseil, n’hésitez pas à consulter !

Notes

[1] Cette maladie a été étudiée en médecine sous le nom de Acromegaloide hypertrichose syndrome, qui met en relation d’autres signes cliniques présents qui affectent le faciès de la personne atteinte, dont le tableau général est un visage aux traits grossiers anormalement velu.
Plus d’informations sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypert...

[2] Plus d’informations sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Femme_...

[3] Plus d’informations sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndro...

[4] Plus d’informations sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndro...

[5] Il n’y a pas de signes d’hyperandrogénie ni de trouble des règles.
L’hirsutisme idiopathique commence avec les premières règles et s’accentue avec le temps.
Les poils sont épais, longs, pigmentés, au niveau : visage, bras, mamelons, sillon entre les seins, ligne blanche abdominale, face interne des cuisses...
D’autres signes de virilisme s’y associent parfois : acné, chute des cheveux, règles irrégulières, voix plus rauque, etc.
Le bilan hormonal montre :
- Un taux de testostérone normal ;
- Un taux de delta-4 androstènedione normal ;
- Un taux élevé d’élimination urinaire de 3 alpha androstanediol ...