Quel monde plus virtuel que celui de la magie où nous ne savons pas ce qu’il faut croire ou pas ?

Et que dire d’un magicien qui en plus d’exercer ce noble métier, se met en scène en rien de moins qu’un magicien virtuel ?

Je ne sais pas vous, mais moi j’aime bien la magie.

Celle qui fait naître les illusions sous nos yeux d’enfant, réalise l’impossible, concrétise l’improbable, et surtout, nous rêver et croire à l’impossible.
Qu’il s’agisse de faire disparaître ou apparaître une carte, d’avaler des dizaines de lame de rasoir, couper une femme en morceaux ou deviner par la pensée la date de naissance de quelqu’un dans l’assistance.

C’est pourquoi tout émoustillé à l’idée de découvrir ce que notre Mandrake numérique allait nous proposer... je me réjouissais d’avance du spectacle qui allait s’offrir à mes mirettes.

Et au bout de quelques minutes de spectacle je réalisais avec effroi, effroi et tristesse même, que l’attribut virtuel appliqué au magicien qualifiait en fait la qualité de sa prestation.

Je dis effroi car mon rêve d’enfant allait se désagréger en même temps que les foirades allaient s’enchaîner.
Et je dis tristesse car je pensais à tous les illustres illusionnistes qui ont fabriqué génération après génération cet art magnifique et dont d’un coup le travail se trouvait mis à mal.

J’assistais donc à un exercice durant lequel me fut expliqué :

  • que les deux anagrammes de magie étaient image et i-game,
  • que le premier magicien recensé s’appelait Jedi, vivait en Egypte il y a plus de 4 500 ans,
  • que Galilée mesura le premier le diamètre de la pupille,
  • et que Léon Bouly inventa le cinématographe...

Mes yeux d’enfant commençaient à s’humidifier de désespoir : je n’étais pas venu pour que l’on me fasse réapparaître mon programme d’histoire du collège.

Et puis d’un coup les choses s’accélèrent, s’emballèrent devrais-je dire.
Je vois mon magicien passer derrière sa télévision, et là, magie (!), son corps est dans la télé et la tête en dehors !
Et encore plus fort, il arrive à parler alors que sa tête réelle n’est même pas sur ses épaules virtuelles et télévisées !
Incroyable !

Le spectacle continue avec notre virtuose, qui a pris tellement d’avance sur ses effets, qu’il cherche par tous les moyens à temporiser, et ainsi le voit-on chercher pendant dix secondes par où commencer à essuyer sa télé pour effacer ce qui est à l’écran...
Jusqu’au moment où l’effet se met en route dans le coin opposé de son chiffon.
Magie quand tu nous tiens !

Mais le clou du spectacle, celui qui acheva de crucifier le public, ce fut quand d’un coup l’effet attendu ne vint pas !

Tout le monde crut un temps qu’il ne s’agissait que d’une foirade de plus et que notre Aladin avait trop d’avance sur ce qui devait survenir.
Puis toujours rien jusqu’au coming out : “Oui, j’utilise un PC avec Windows et il vient de planter.”.

Et là je compris que nous avions affaire à un grand, très grand Monsieur de la magie, un homme qui prenait tous les risques, dont le plus grand : faire une démonstration d’une demi-heure où l’erreur n’est pas admise, et ceci sous Windows !

Je voudrais juste lui dire qu’il ne doit pas être triste, il fait des tours de magie, pas des miracles, et là il luttait contre plus fort que lui.

Alors je vous le déclare Monsieur : “Chapeau bas !

P.-S.

Reçu un jour, il y a bien longtemps par e-mail...
Un peu retravaillé quand même  !